English (UK)Français (FR)

Newsletter

Calendrier

<< < décembre 2012 > >>
Lu Ma Me Je Ve Sa Di
          1 2
3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 27 28 29 30
31            

Le CMA-CGM MARCO POLO : Impossible à sauver et à remorquer ?


CMA-CGM-MARCO-POLO 2A chaque nouvelle génération de paquebot ou porte-conteneur, la question du gigantisme refait surface. Serpent de mer du monde maritime, cette question a pourtant trouvé un écho l'année passée avec le naufrage du COSTA CONCORDIA dont le bilan humain tient, quoi qu'on en pense, du miraculeux avec 37 morts ou disparus. Tous les navires n'auront pas "la chance" de faire naufrage à 15 mètres des côtes.
Si plusieurs annonces ont été faites par le monde de la croisière pour renforcer la sécurité à bord, l'idée que l'on ne peut plus évacuer les navires fait son chemin car celà devient trop complexe. Mieux vaut préserver le plus possible l'intégrité du navire pour le remorquer dans un lieu sur. La question qui se pose alors : Est-il toujours possible de remorquer de tels géants des mers.
Au delà de la croisière et de ses contraintes propres, la question se pose également pour les porte-conteneurs avec notamment l'arrivée d'une nouvelle génération de navires, toujours plus imposants et massifs, dont les dimensions donnent le tournis. Pour ces navires, cette question est celle se avoir si des remorqueurs de haute mer, comme l'Abeille Bourbon, sont-ils en capacité de secourir un porte-conteneurs géant (400 m) de dernière génération?
Annoncés depuis plusieurs années, les porte-conteneurs de plus de 18.000 boîtes (EVP, équivalent vingt pieds) font leur apparition dans le trafic maritime mondial,à l'image du Marco Polo de la CMA-CGM, arrivé cette semaine au Havre. Par le passé, plusieurs préfets maritimes français ont tiré la sonnette d'alarme à propos de cette course au gigantisme. Déjà, la gestion des conteneurs tombés à la mer ou à récupérer, un à un, après un échouement, demande des moyens d'intervention considérables (Sherbro, Rokia Delmas, MSC Napoli, etc...) .

 

Maersk-Line-Triple-E-2Mais dispose-t-on véritablement, aujourd'hui, des moyens pour porter assistance à un navire de cette taille, en difficulté, à quelques dizaines de kilomètres des côtes ? Lorsque l'Abeille Bourbon est lancée à Brest, en 2005, on la dit capable de prendre en remorque les plus gros navires au monde, supertankers et porte-conteneurs confondus. Des navires qui, à l'époque, dépassent rarement les 8.000 boîtes (le plus grand porte-conteneurs en 2005 était le MSC PAMELA avec 9 200 boîtes pour 321 mètres). Sept ans plus tard, l'Abeille Bourbon, avec ses moyens déjà considérables (21.000 chevaux, 200 tonnes de traction) pourrait donc avoir à porter assistance à des navires transportant le double de conteneurs. Le CMA-CGM Marco Polo ne gardera en effet que brièvement son titre, remplacé par les navires de la série "triple E" de Maersk courant 2013 et qui affichent une capacité de 18 000 conteneurs (Longs de 400 mètres pour une largeur de 59 mètres et un tirant d'air de 73 mètres).
CMA CGM CompareVéritables cauchemars du remorquage en haute mer, ces cathédrales juchées sur l'eau offrent des prises au vent phénoménales et complexifient grandement les opérations de remorquage. Si le navire en difficulté n'a plus de propulsion, il se met en travers du vent et de la mer. Tout l'enjeu consiste à le replacer dans l'axe pour stopper sa dérive. Avec des monstres de cette taille et par des conditions difficiles qui balayent fréquemment la pointe bretonne, il faut déjà réussir à le maintenir à sa position. Et si la remorque tient, il faut encore attendre le renfort d'un ou deux autres remorqueurs. «Intervenir sur un porte-conteneurs de 200m de long n'est jamais aisé dans la tempête», ont déjà raconté des commandants de remorqueur. Alors, pour «un truc de 400 m de long, avec six étages de conteneurs sur le pont», on n'ose à peine imaginer la bataille. D'autant qu'aucun entraînement n'a jamais été réalisé par vent fort et mer formée et aucun entraînement tout court autour de ces porte-conteneurs géants.
Pour Hubert Ardillon, ancien commandant de supertanker, il est plus aisé de prendre en charge, dans la tempête, un pétrolier de 300.000 tonnes qu'un porte-conteneurs de 100.000 tonnes, livré au vent. Sans compter que le délai d'intervention sera encore plus court, en raison de sa dérive rapide. «Aucun pays au monde ne possède les moyens nécessaires pour remorquer ce genre de navire dans un coup de vent !», estime Jean-Paul Hellequin, de l'association Mor Glaz.
Et si un incendie majeur venait à se déclarer à bord d'un de ces géants des mers? «Il a fallu attendre plus de cinquante jours pour commencer à gérer la crise du Flaminia (299m, 2.875 conteneurs)», rappelle le président de Mor Glaz. En 2007, il avait fallu mobiliser les deux plus puissants remorqueurs d'Europe pour prendre encharge le MSC Napoli. Il mesurait 275 m et ne transportait que 2.400 conteneurs.
Nous avions déjà eu l'occasion de parler de ces sujets dans un long article intitulé "Emma Maersk : Les conteneurs de trop ?" ou nous élaborions des scénarios catastrophe pour des navires de 13 500 boîtes. Nous arrivons, cinq ans plus tard, à 18 000 boîtes. Autant dire que nos conclusions de l'époque sont toujours d'actualité.

 

Nos sources pour cet article

 

AddThis Social Bookmark Button