Les Corsaires (britanniques) sont de retour !
L'Interwiew de David Cameron a la BBC du 30 octobre 2011ne sera pas passée inaperçue dans le monde maritime. Pourtant, ici, point de dette grecque, de guerre en Libye, de crise de l'Euro mais une annonce qui met un terme à une (très grande) forme d'hypocrisie dans la lutte contre la piraterie somalienne. Désormais, les gardes armés seront autorisés à bord des navires battant pavillons britannique, sans que pour autant ces gardes soient automatiqument considérés comme de "vulgaires" mercenaires et donc potentiellement coupables de "coups et blessures", "meurtre" ou en encore "assassinat" en cas de mort ou de blessures des "assaillants" (le mott automatique a ici son importance car il semble acquis que les règles d'engagement applicables à ces sociétés privées se rapprochent, voire se calquent sur celles des forces armées dites "constituées".)
Hypocrisie car celà fait déjà plusieurs mois que nombre d'officines occupent le terrain et surtout les passerelles des navires, le premier ministre britannique concédant que leur présence évitait les attaques et les prises d'otage.
Dont acte, les firmes sont donc présentes à bord des navires. Pour autant, non autorisées, non souhaitées par les gouvernements ou les Etats-majors des marines concernées (dont sont pourtant issus la plupart des "salariés" de ces sociétés privées), ces sociétés ont trouvé leur place dans une lutte qui, en l'absence de lutte à terre comme celà s'est toujours pratiqué pour éradiquer s'avère longue, difficile, et qui met à mal les finances publiques des pays contribuant quotidiennement à la lutte contre la piraterie.
Car c'est ici qu'il faut probablement trouver le fondement de ce changement de vision du gouvernement britannique : Le pragmatisme britannique et/ou anglo saxon.
Il n'est en effet pas mystérieux que l'envoi de navires, d'hommes, d'avions, d'hélicoptères, de commandos, coûte au final relativement cher à la collectivité, d'autant que la mission est exécutée au seul bénéficice d'intérêts privés (armateurs et chargeurs) qui pourraient relativement aisément et répercuter le prix des assurances, des soutes, équipages, gardes armés, sur leur clients, et ce à la différence des Etats (hormis, et une fois n'est pas coutume l'Etat Français qui facture les EPE (Equipe de Protection Embarquée) aux armements qui bénéficient de la présence de commandos marine).
Entre les millions d'euros dépensés mensuellement par les Etats participant à l'Opération ATALANTE et une prise en charge de ces dépenses par les armateurs au travers d'une présence armée à bord de leurs navires, le calcul peut être rapidement fait.
Seule difficulté (de taille) : Le "permis de tuer", qui n'est, par principe, accordé qu'aux seules forces armées et dans des conditions bien précises. Il suffit de lire quelques pages de la Directive interarmées sur l'usage de la force en Operation militaire se déroulant a l'extérieur du territoire français" (page 33 et suivantes) pour se rendre compte que les règles d'engagement sont strictement cadrées et complexes.
Devant le coût exhorbitant de cette nouvelle bataille, le gouvernement britannique n'a finalement fait que reproduire le comportement de ses lointains prédécesseurs, à savoir confier à des "corsaires", munis de lettre de marques, le soin de règler des problèmes auxquels ils ne pouvaient faire face seuls, le plus souvent faute de moyens financiers, le "corsaire" se payant sur la prise.
Si nos amis britanniques ont eu du mal à franchir le pas, nous ne sommes pas en reste. En France, le mercenariat est fortement réprimé par le Code Pénal depuis une Loi de 2003.
Pour autant, des sociétés de sécurité existent depuis de nombreuses années et doivent donc jongler entre les activités de sécurité (autorisées) et celle de garde armé qui pourraient relever du mercenariat.
Cette schizophrénie toute française devra tôt ou tard être levée car les SMP ont finalement vocation à étendre leur champ d'action dans les epaces ou les Etats ne peuvent ou ne veulent plus intervenir.
Des réflexions sont d'ailleurs en cours pour légaliser à nouveau le mercenariat ou, à tout le moins, réformer la Loi de 2003 et organiser la "profession".
Nul doute que de vifs débats auront lieu à ce moment là et qu'il y a peu de chances que nous ayons un concessus à la britannique sur ce sujet.
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