Petite parenthèse littéraire à l'occasion du Salon du Livre pour évoquer ce livre qui nous a véritablement séduit. Comme je l'évoquais récemment sur le réseau social tout bleu, il m'est impossible de passer ne serait-ce que quelques heures à Brest sans faire une petite escale à la librairie Dialogues, ancrée Rue de Siam depuis des années. Lors de mon dernier passage il y a quelques jours je n'ai donc pas déroger à cette règle et je m'y suis attardé de longues minutes, notamment et principalement aux rayons "Mer & Voyages" et "Bande Dessinée". Parmi les dizaines de livres du rayon "Mer et Voyages", un petit livre à l'allure un peu surannée, de part sa reliure en toile et par la police de caractère utilisée sur le dos, a quasi immédiatement attiré mon attention, coincé entre deux autres livres plus classiques sur les phares et les côtes bretonnes.
Ce livre a littéralement agi comme un aimant dès que je l'ai ouvert. Tout mon imaginaire maritime y était : Les poêmes, l'histoire, les mythes, la mythologie, les objets de la mer et des navires, la religion, le tout superbement illustré en bleu et or, donnant un charme fou à cet ouvrage dont je me suis demandé pourquoi il aura fallu attendre 2011 pour qu'un auteur nous le livre et 2013 pour que je le découvre. Sans doute le charme des "vraies" librairies ou l'on peut à la fois découvrir de véritables trésors en flânant dans les rayons, et passer à côté d'autres pendant des années, sans jamais les voir. Bref, le genre de livres que l'on ne quitte plus une fois qu'il est entre vos mains, de peur qu'un autre marin immobile ne vous le prenne et se l'accapare.
Tout le livre pousse aux rèves, aux pensées solitaires, à ces moments de calme au bord de la mer ou l'on se prend à réver de mythes et de légendes, de sirènes et de navires fantômes, de monstres marins ou de dieux antiques qui sommeilleraient sous le sable. Pour se mettre dans l'ambiance, le livrre débute avec un extrait d'un poème d'Emile Verhaeren.
Ma peau , mes mains et mes cheveux
Sentent la mer
Et sa couleur est dans mes yeux;
Et c'est le flux et le jusant
Qui sont le rythme de mon sang !"
Cette simple strophe nous a complètement séduit. Dans ces conditions, comment ne pas poursuivre la lecture de ce livre qui, au fil des pages, nous fait découvrir l'histoire des symboles marins et à laquelle nous invite l'auteur de cet ouvrage, Michel Bez. Celui-ci, peintre officiel de la Marine (dont il préside l'association depuis 2002), est un éminent membre de l'Académie de Marine et un fin connaisseur du monde maritime. Les océans et ses légendes ont dès lors logiquement nourri son inspiration avant de l'interroger. Pierres angulaires des récits de mythologie, les symboles marins le passionnent au point de lui faire mener une savante enquête.
C'est donc armé de sa «science», de sa plume et de ses pinceaux que l'artiste-peintre et écrivain a voulu inciter ses lecteurs à plonger avec lui dans les océans et leurs mythes. Sans prétention, ni circonvolution, mais avec quelques gouttes (salées) de philosophie, l'auteur inspiré (des textes et des illustrations) nous raconte avec poésie ses légendes puisées aux quatre coins du monde ou ses termes familiers que l'on croyait si bien connaître comme ancre, croix du sud, marée, vague, etc... Ressuscitent des îles mystérieuses, des monstres des profondeurs, des terres englouties ou des navires fantômes.
L'ouvrage phare d'un amoureux des océans et des marins. Un lexique indispensable à compulser au coin du feu, ou mieux dans les fauteuils mœlleux du carré...
Vous l'aurez compris, ce livre fait désormais partie de mes favoris, et je vous invite à le découvrir au plus vite ici.
Petit parentèse culturelle pour évoquer en quelques lignes le festival "Les Ecrans de la Mer" qui se déroulera à Dunkerque du 6 au 8 juin 2013. Pour sa troisième édition, le festival vivra au rythme des plus beaux films documentaires, avec, à l'affiche, trois grands thèmes :
- L'écologie et l'exploration marine
- l'aventure et les sports nautiques
- Les métiers de la Mer.
Ces thèmes ne sont bien entendu pas choisis au hasard. Si la mer focalise tous les regards avec les problèmes écologiques actuels (fonte des glaces, montée des eaux, réfugiés climatiques, îles de plastique...), elle joue également un rôle dans les enjeux humains (économiques, politiques, culturels...) concernant nos continents. Mais ces enjeux majeurs demandent à être mieux compris.
La mer est très certainement aujourd'hui un espace unique sur notre planète, un domaine dont l'homme à encore beaucoup à apprendre (faune et flore, chimie, géographie, échanges géo-biologiques...). La mer est donc en cela l'un des terrains les plus riches dans le domaine de l'innovation et de la découverte.
Ce festival donne lieu à une compétition de films. Pour cela, le jury du festival est composé, chaque année, de professionnels du cinéma, des métiers de la mer, des sports et de l'écologie maritime. Six prix viennent récompenser les meilleures réalisations :
Cette année, le festival sera présidé cette année par Franck Bruno, scaphandrier professionnel, moniteur de plongée professionnel, et sportif de haut niveau, et qui est aussi le président de l'association "Bout de vie" qui a pour objet d'aider et d'accompagner les personnes amputées à surmonter leur différence notamment par la valorisation de leur potentiel de vie et du sens du dépassement de soi. Il a notamment traversé l'Atlantique à la rame à l'occasion de l'Atlantic Rowing Race en 2005. Avec son co-équipier et ami Dominique Benassi (13 fois champion du monde handisport de triathlon), ils bouclent le parcours en 54 jours et montent sur la troisième marche du podium.
Même si l'évènement s'est déroulé peu de temps après notre publication sur le sujet, il y a pourtant peu de chances pour que l'exercice qui vient de se dérouler au large de la Bretagne soit une conséquence directe de notre article du sur les problèmes posés par le remorquage de navires tels que le CMA-CGM MARCO POLO.
Ainsi, en partance pour l'Asie, le CMA-CGM Marco Polo a fait un petit "break" aux larges des côtes bretonnes pour participer à un exercice organisé par la préfecture maritime de l'Atlantique. Celle-ci était en effet désireuse de savoir si les moyens de sauvetage actuellement positionnés à la pointe Finistère sont suffisants pour assister, en cas de besoin, les plus grands navires de commerce actuellement en activité. Car, bien que l'Abeille Bourbon et son sistership l'Abeille Liberté (unités de 80 mètres et 209 tonnes de capacité de traction au croc), fassent partie des plus puissants remorqueurs d'Europe, la marine marchande a poursuivi, depuis leur mise en service en 2005, sa course au gigantisme. Cette tendance s'est particulièrement affirmée pour les porte-conteneurs et les paquebots avec des navires qui sont devenus gigantesques et qui se caractérisent notamment par une très forte prise au vent. La préfecture maritime souhaitait donc entrainer les personnels dédiés au sauvetage et valider, à la mer, les procédures théoriques mises en place pour gérer un incident impliquant un porte-conteneurs géant, qui se retrouverait à la dérive devant nos côtes. Rappelons qu'en pareil cas, le risque est le naufrage du navire avec la perte en pleine mer de milliers de conteneurs, boites à la dérive présentant autant de risques pour la navigation des autres bateaux, mais aussi pour les populations si elles venaient à s'échouer sur le littoral (nombre de conteneurs contiennent des matières dangereuses).
Le monde maritime a ceci de fascinant qu'il nous livre régulièrement des histoires hors du commun, dont la mer seule semble avoir le secret. Mais au delà de l'anecdote, l'histoire peut également en dire long sur le monde dans lequel nous vivons et celle du Lyubov-Orlova en fait indéniablement partie.
Son histoire n'est en effet pas banale puisque ce paquebot est devenu un navire fantôme, perdu dans l'Atlantique Nord, tantôt repéré, tantôt perdu.....une sorte de "flying dutchman" du XXIième siècle devenant également une caricature des dérives et des abus du monde maritime.
L'histoire du navire commence il y a bientôt 40 ans. Paquebot brise-glace de la classe mariya Yermolova destiné aux croisières arctiques et antarctiques , il est construit par le chantier naval de Brodogadimoste Titovo de Kraljevica (actuelle Croatie) pour le compte de la compagnie soviétique Far Eastern Shipping Company (FESCO).
Il navigue sous pavillon soviétique puis russe jusqu'en août 1996, avant d'arborer le pavillon maltais pendant 13 ans et enfin celui des îles Cook à partir de 2009. Pour autant, et malgré plusieurs changements de propriétaires, il restera longtemps opéré par la même compagnie, la Lubov Orlova Shipping Co Ltd qui le frêtera régulièrement à des tours opérateurs comme Marine Expeditions, Quark Expeditions ou encore Cruise North Expeditions. En 1981, il reçoit même la médaille de l'Ordre de l'Amitié des Nations pour avoir participer à une mission de sauvetage en mer.